A
Londres, un appartement ouvrier. Le soir. Dans la cuisine, Mike; dans le
salon, assise, sa fille, Shiela, avec qui il vit seul depuis la mort de
sa femme. Il lui apporte une tasse de thé; elle refuse de boire, de
bouger, de parler. C'est le premier conflit : que peut le père,
ordonnant et suppliant, aux portes de la "prison" dans
laquelle s'est enfermée sa fille ? "Une tasse de thé, et le monde
s'écroule" : pour une tasse de thé, la vie de Mike bascule dans
la tragédie. Il ne cessera d'expier, et d'une prison l'autre - prison
matérielle, morale, psychologique, sociale - de fuir devant sa
destinée. Mais de quoi est-il coupable ? De quoi est-il vraiment
responsable ? Bond met en scène, avec la distance de son humour
impitoyable, les rapports entre les hommes dans une société qui ne
pardonne rien. Une fois encore, il met à nu la violence, physique -
meurtre et suicide, sang et mutilation - Ia violence que, dans notre
"prison" quotidienne, nous exerçons d'abord contre
nous-mêmes. Devrons nous toujours nous "punir d'être
vivants" ?
Alain Satgé