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La IX eme symphonie

de Beethoven

Chorégraphie : Maurice Béjart

 

avec le Ballet de l'Opéra National de Paris, les Choeurs de l'Opéra National de Paris, Didier Sandre, Sharon Coste, Hélène Parraguin, Stefan Margita, Ronnie Johansen... 

 

    

 

 

Sous le charme de  Dionysos, ce n'est pas seulement l'alliance de l'homme avec l'homme qui est scellée de nouveau, mais la nature, aliénée, hostile ou asservie, célèbre elle aussi sa réconciliation avec son enfant prodigue, l'homme... La terre offre ses dons spontanément et le bêtes fauves des rocs et des déserts s'avancent pacifiquement. Le char de Dionysos se couvre de guirlande et de fleurs. On y attelle la panthère et le tigre.
Par le chant et la danse, l'homme manifeste son appartenance à une communauté qui le dépasse : il a désappris de marcher et de parler et, dansant, il est sur le point de s'envoler dans les airs... Ses gestes disent son ensorcellement, quelque chose résonne en lui de surnaturel, il se sent Dieu.
L'homme n'est plus artiste, il est devenu oeuvre d'art.
Que l'on métamorphose en tableau l'Hymne à la Joie", de Beethoven, et en faisant appel à notre imagination, que l'on contemple les millions d'êtres prosternés frémissant dans la poussière : à ce moment l'ivresse dionysiaque sera proche. Alors l'esclave est libre, alors se brisent toutes les barrières rigides et hostiles que la misère, l'arbitraire, la "mode insolente" ont mises entre les hommes. Maintenant, par cet évangile de l'harmonie universelle, chacun se sent avec son prochain non seulement uni, réconcilié, fondu, mais encore identique en soi, comme si le voile de Maya s'était déchiré et qu'il n'en flottait plus que des lambeaux devant le mystère de l'Un primordial...

Friedrich Nietzsche
La Naissance de la tragédie - 1872